lundi 21 octobre 2024

Histoires de tournée

Croyez-le où non, ceci est une histoire vraie!
Et comme tout événement fantastique, le doute divise toujours ceux qui en sont témoins.
C'est d'ailleurs encore le cas aujourd’hui des protagonistes du récit que je vais maintenant vous raconter.

Mais avant de commencer, je tiens à préciser que ce que vous allez lire là est un exercice un peu nouveau pour moi.
Durant toutes ces années, j'ai pris l'habitude de distiller un peu de moi entre les lignes de mes nouvelles, par toutes petites doses, via quelques clins d’œil, traits ou détails.
Il n'y a qu'à relever la présence de ce cher Carl le Carlin qui bien souvent se balade dans mes récits comme pour lever la patte et y marquer son territoire.
C'est donc un récit autobiographique que vous lirez là, ce choix se justifie par la simple nécessité pour moi de vous livrer la vérité sur ces étranges événements sans détour et telle que je les ai perçu.
Imaginez qu'on le soit assis vous et moi au coin d'un feu de camp ou alors comme des enfants sous une tente faite de draps, le visage éclairé par le bas à la seule lueur d'une lampe torche pendant que je vous raconte ceci : "A cette époque je jouais les roadies (je m'occupais surtout de distribuer des flyers, faire le merch et amuser la galerie) pour un groupe de ska-rock qui s'appelait Solyass.
Ceux qui étaient ados dans le Vaucluse et qui écoutaient du rock entre 2003 et 2008 en ont forcément entendu parler à un moment donné.
Solyass donc, qui fort de sa notoriété locale grandissante aspirait à se faire entendre dans de nouveau territoire.
Bien qu'étant sudiste, le groupe nourrissait sans complexe l'ambition de se produire dans la capitale, ce qui finit par arriver après avoir écumé les salles de concert et les magasins Cultura d'une bonne partie de l'hexagone.
C'est d’ailleurs une tournée promotionnelle de leur album "des corps et décors" qui nous amenait en région parisienne.
Pour le jeune provincial de 20 ans que j'étais et qui n'avait encore jamais mis les pieds en ile de France, ne serait-ce même qu'à Eurodisney, ce voyage à Paname était une première, pour ne pas dire une aventure.
En déplaise à certain politique victime de la fièvre démagogique bienpensante ainsi qu'à l’agglomération de la ville de Saint Denis, qui se passerait bien de toutes mauvaises publicités, sa réputation n’était déjà plus a faire!
Famille et connaissances diverses nous avaient déjà mis en garde contre les banlieues parisiennes, en particulier le 93, que tout le monde qualifiait de ghetto, de jungle urbaine ou souvent comparait la zone au jeu video GTA.
Tout cela n'est qu'à peine exagéré, en témoigne c'est 10 jours passés là-bas, dans cette no-go-zone de non-droit.

C'est après plus de 7h route en mini-van que nous sommes arrivés.
Réveil difficile pour ma part puisque assis sur la banquette trois places à l'avant, je fus attaché (il suffit de faire passer le morceau de ceinture distendu derrière l'appui-tête) par les 4 assis derrière moi, même si je soupçonne Mathieu plus que les autres d'avoir fait le coup.
Un exemple des petits jeux stupides auquel nous aimions jouer en tournée.
Et c'est donc en chahutant bruyamment (7 jeunes hommes, je vous laisse imaginer l'ambiance!) que nous avons débarqué au motel F1.
Christian que tout le monde appelle Chrid pour une raison que j'ignore qui faisait aussi office de producteur/tourneur/chauffeur/manageur et père de Arnaud le chanteur réservait les chambres, pendant qu'on déchargeait les affaires dans l'entrée.
En montant à nos chambres, au dernier étage, nous croisons dans le couloir une femme intégralement voilée avec une enfant qui sortait de la dernière porte au fond, face à la notre.
La silhouette fantomatique aussi déroutante qu'inhabituelle n'occupa nos pensées que le temps de son passage et d'une petite réflexion humoristique entre nous.
Dans notre chambre, on s'attribuait les lits ou plutôt se les disputait et une fois tout le monde installé Mathieu, le batteur, sortit une bouteille de vodka accompagnée de jus concentré de citron et de quelques bières.
La soirée pouvait enfin commencer!
Je vous en épargne sa description et vous laisse imaginer ce festival de discussions grivoises, de paris stupides aux enjeux insensés, de rires et de flatulences auquel on peut s'attendre entre jeunes adultes ivres.
Deux chambres, deux ambiances.
La notre était un véritable défouloir pour ne pas dire un dépotoir quant à l'autre c'était le dortoir de Véran, Chrid et Fred tenter de faire abstraction du vacarme que l'on occasionnait.
À intervalle régulier, l'un d'eux frappait dans le mur mitoyen pour nous signifier qu'il fallait faire moins de bruit.
La fatigue nous gagnant comme le silence depuis un moment dans la chambrée, nous commencions à nous endormir lorsque Arnaud reçut un SMS de Véran nous demandant d’arrêter de crier à la surprise générale.
Nuit trop courte ou inconfortable, car entassé à 3 dans un lit deux places comme une fratrie pauvre; les ronflements de Chrid et Véran dans la chambre d'à côté qui faisait vibrer la cloison; au matin chacun choisissez son option pour justifier de sa fatigue et de son manque de motivation.
Une tournée promotionnelle de show-case peut rapidement s'avérer ennuyante : jouer le même set de 30 minutes 2 fois le matin faire une pause déjeunée, jouer encore 3 ou 4 fois avant la fermeture du magasin, répéter les mêmes blagues entre chaque chanson à un rythme d'usine en essayant de garder ce sourire clownesque forcé et surtout faire semblant d'y trouver encore de l'amusement.
Tout ce que vous finissez par souhaiter c'est la fin de la journée pour aller vous reposer ou vous détendre avec vos potes.
À vous de choisir la bonne chambre.

Et rebelote, nouvelle bouteille de vodka, nouveaux paris encore plus stupides.
Cette fois il était question que je boive un cocktail à base de Vodka et de jus de citron dans lequel j’aurais fait tremper mon gros orteil purulent (en cause un ongle incarné mal soigné).
Véran, Chrid ou Fred à côté qui tapaient encore pour qu'on arrête notre vacarme quand soudain un bruit vient couvrir le nôtre, un cri strident et terrifiant!
TA CHATTE QUI SENT LA MERDE!!! PETITE PUTE! HAAAAA!
OUIN..OUIN..OUIN..
Dans notre chambrée un long silence demeura durant lequel on se regarda tous les uns les autres avant d'exploser d'un rire nerveux et communicatif.
OUIN OUIN OUIN TA CHATTE QUI SENT LA MERRDDDEE!!
"On dirait des cris de femme et des pleurs d'enfants ?" fit Mathieu en me regardant.
"±." lui disais je en écoutant avec attention.
HAAAAA! SALOPE!!!! TA CHATTE QUI SENT LA MERDE!!!
"On se croirait plutôt dans un film d'horreur...c'est étrange, ça se répète, toujours les mêmes phrases...tu sais on dirait les samples de film d'horreur que certains groupes de grindcore utilisent en sample au début de certains morceaux"
"Ha peut-être.." me répondit Mathieu intrigué.
PETITE PUTE! SAAAAAALLLLLLOPE!!!!
Je me rapprochais sans faire de bruit, collais prudemment mon oreille contre la porte de la femme et chuchota à Mathieu : "Non..Non c'est bizarre, c'est drôlement fort" constatais-je en étant parcouru par un frisson de terreur.
TA CHATTE QUI SENT LA MERDE!!!!
"Je pense que c'est ça, mais c'est étrange! On devrait prévenir la sécurité."
Sur la pointe des pieds nous avons longé les murs du couloir jusqu'à l'ascenseur.
En bas, nous avons demandé au responsable de l’hôtel d’aller gentiment faire son boulot tandis qu'il était en plein visionnage d'un porno ou d'un match de foot.
Ce dernier nous raccompagna à notre chambre puis tapa avec insistance à la porte de notre voisine et après quelques longues secondes elle entrouvrit sa porte.
Alors qu'il lui demandait de "baisser le volume de la TV ou de la radio" et une voix de femme répondit "je n'ai rien d'allumé".
Cette seule phrase suffit à nous glacer le sang et faire de notre pire délire paranoïaque une certitude.
Arnaud était le septique de la chambré et naturellement il lança le débat autour de nos diverses théories sur ce qui se tramait de l'autre coté du couloir.
Évidemment, les cris reprirent 1h après, retentissant jusque dans notre chambre!
En dépit de deux descentes à la réception, nous abandonnions l'idée même de la faire cesser et je vérifiais le verrou de la porte puis m'endormis d'un sommeil alerte, recroquevillé sur moi même avec les mains jointes comme pour prier.

On s'habitue à tout, les ronflements des 3 autres de la chambre voisine, les odeurs de pied, de pet froid et même la gueule de bois...
Mais on se lasse de tout également, jouer toujours les mêmes chansons, sortir les mêmes blagues, manger à Flunch, faire les mêmes chorégraphies et les mêmes commentaires du public.
Alors quand vous voyez depuis votre fenêtre une voiture bruler sur la bretelle d'entrée du périphérique forcément vous êtes un peu excité!
D'autant plus quand vous venez d'une province où ce genre d’événement ne se déroule que dans les films ou les quartiers sensibles où personne n'oserait s'y aventurer hormis pour acheter du shit.
Même les cris de la folle de la chambre d'en face finissaient par faire parti du décor, c'était devenu à force un running gag pour combler les silences de façon comique.
Le rire avait pris le pas sur la crainte, les gars lui répondaient même en passant la tête dans l’entrebâillement de la porte, mais elle continuait de m'effrayer au fond de moi.
Et je trouvais au fond de la bouteille de vodka et les jeux alcoolisés avec Mathieu la distraction parfaite à mes peurs.
D'ailleurs l'histoire de la femme voilée et son bébé n'était pas le seul mystère durant ce séjour, il y avait aussi celui du "caca sur l'oreiller".
Au cours de notre rituel festif j’avais une fois de plus perdu en refusant de boire le shot de trop et était soumis à un gage.
Lors du précédent j'avais failli tomber en pissant par la fenêtre et donc logiquement avait demandé à devoir exécuter quelque chose de moins dangereux, c'est pour quoi je devais traverser le couloir tout nu ne tapant à toutes les portes.
Finalement, une fois déshabillé et devant la porte je me débinai.
In extremis, j'avais réalisé que je risquais de tomber sur la "fatma" comme aimait l'appeler Mathieu.
C'est alors que les trois autres de la chambrée se liguèrent contre moi pour m'évincer hors de la chambre, tout nu dans le couloir.
Au bout de quelque minute, ils me rouvraient la porte et je jurais à Mathieu que je me vengerais, qu'il ne devrait pas s'étonner de se réveiller au matin avec un caca sur l'oreiller.
Le lendemain, à ma plus grande surprise, mais pas seulement, celle aussi de Arnaud, Patrick et Mathieu un gros étron de chocolat filandreux était retrouvé enfoui tout pré de la tête de ce dernier, dans son coussin.
Bien que le seul à avoir acheté au distributeur et mangé des sucreries ce soir-là était Arnaud, personne ne s'était dénoncé et le mystère restait entier.

C'est au terme de notre quatrième et avant dernier jour de tournée que Chrid en sa qualité de producteur et manageur satisfait de nos ventes et de nos prestations nous invita au restaurant.
Évidemment, cela dégénéra en bagarre de nourriture où chacun avait pris soin de saboter le plat de son voisin et nous furent contraint de quitter prématurément les lieux.
À notre retour à l’hôtel nous remarquions un taxi à l’arrêt moteur tournant devant l'entrée qui venait de déposer un couple d'Africains.
Le temps de monter une partie de nos affaires à nos chambres et de retourner récupérer le reste au van, nous croisions à notre étage 3 hommes cagoulés sortir de l'ascenseur et se précipiter vers la chambre du couple africain.
Tout se passa à une vitesse....l'homme eu à peine le temps d'ouvrir la porte qu'une pluie de coups s’abattit sur lui tandis qu'elle se faisait frapper et arracher quelque chose des mains.
Les malfrats étaient repartis avec seulement une sacoche et rien d'autre tandis que les prétendues victimes, elles redescendaient en trombe pour regagner le taxi qui les attendaient étrangement toujours à l'entrée.
Arnaud, certainement le plus bagarreur d'entre nous, aveuglé par son courage ou n'ayant compris que partiellement la situation, avait voulu s'interposer en entendant les cris de la femme, mais avait été retenu par son père, heureusement pour lui et pour nous.
Qu'est-ce qui est plus effrayant qu'une voiture qui crame, une fatma frappa dingue et un caca sur votre oreiller? Se retrouver mêlé à un deal qui tourne au règlement de compte.
C'est ce que je pensais à ce moment-là sans me douter que ce qui m'attendait durant cette nuit me ferait changer d'avis.
Ah ça non, je n'étais pas encore au bout de mes surprises.
Tous ces événements étranges ne nous empêchèrent ni de faire une nouvelle fois la fête ni de trouver le sommeil.
Sauf peut-être les cris de la fatma qui reprirent de plus belle au milieu de la nuit après une relative accalmie en début de soirée.
Cependant il y avait quelque chose de différent et de beaucoup plus inquiétant dans ses cris qu'à l'ordinaire, on pouvait percevoir une sorte de tristesse dans ceux-ci.
Depuis notre porte laissée entre-ouverte, on l'a vit traverser le couloir à la manière d'un spectre, allant d'un point à autre sans se soucier de ce qu'il y avait autour d'elle ou de notre réalité, comme si elle errait hantée par d'éternels tourments.
Mathieu pris par une furieuse envie de pisser, bien que je lui ai déconseillé d'y aller et de plutôt se soulager par la fenêtre, se leva et se dirigea dans la même direction qu'elle : les sanitaires communs.
Il s'en suivit une longue attente inquiète ou je prêtais attention au moindre bruit provenant du fond du couloir.
Soudain, Mathieu réapparut dans l'encolure de la porte avec une expression étrange.
À ce moment-là, je n'aurais su dire si c'était là un signe d'un état d'ivresse avancé ou un rire nerveux et bien lucide.
La raison en était la découverte qu'il avait faite dans les sanitaires et qu'il me sommait de venir constater à mon tour.
Évidemment je refusais en me débattant tandis qu'il me trainait par les pieds dans le couloir jusqu'à ce que je cède.
De toute façon c'était déjà trop tard pour faire demi-tour et valait mieux ne pas faire de bruit que de risquer une confrontation avec la "Fatma".
Nous nous approchions prés d'un toilette à la porte entrouverte, c'était là que Mathieu avait uriné avant d'y découvrir cet intriguant sac poubelle qu'il me désignait du doigt.
Je m'approchais pour regarder à l’intérieur.
Un frisson me parcourait alors que je la savais enfermée dans une cabine de douche à quelques mètres de nous, le bruit de ses pleurs se confondant avec celui de l'eau ruisselante.
Penché au-dessus du sac, je renonçais à défaire le nœud et déchirait le plastique.
Une odeur infâme me parvint et me fit détourner le regard.
"Alors tu vois quoi?" m'interrogea Mathieu.
Je ne trouvais pas de mot pour décrire ce que je voyais, dans la semi-obscurité des toilettes je discernais des morceaux grisâtres et un liquide épais jaune, vert s'apparentant à du pu.
Quand l'eau de la douche cessa de couler, nous nous précipitions hors de la salle de bain pour prendre l'ascenseur et gagner la réception.
Je me souviens avoir eu cette peur panique dans ma fuite, cette peur d’apercevoir du coin de l’œil la fatma sortir et m'attraper d'une main monstrueuse.
Le veilleur de nuit qui commençait à nous connaitre à force, ne prêta pas beaucoup de crédit ni d'intérêt à ce que nous lui racontions (après tout, nous n'étions pour lui que des blancs becs de province) et décida de rester confortablement assis derrière sa banque, vautré dans sa fainéantise.
Inutile de préciser que cette nuit là, je ne dormis que d'un œil, l'autre étant resté braqué sur la poignée de la porte de notre chambre fermer à double tour.
Au petit matin, je croisai une femme de chambre qui récupérait les serviettes pour la blanchisserie et lui demanda de me suivre pour lui montrer quelque chose.
Le sac-poubelle était resté au même endroit où nous l'avions trouvé la veille et lorsque je demandais à la femme de ménage de me dire ce que c'était pour elle, cette dernière le souleva, l'ouvrit puis me répondit :"on dirait de la viande".
Il n'en fallut pas plus pour confirmer les théories les plus folles que Mathieu et moi avions élaboré.
Et tandis que notre chambrée s’affairait à ranger ses affaires en vue du grand départ tout en débâtant des événements de la nuit dernière, la fatma passa une dernière fois devant notre porte, elle quittait sa chambre avec sa valise, mais sans nourrisson.

Bien des années après, cette histoire invraisemblable, sujette à l’interprétation et au témoignage de chacun, continue d'animer nos discussions et de soulever des questions et peut être les votre maintenant.

mercredi 11 septembre 2024

Paradisiaque

Mes affaires sont prêtes, billets en mains, lunettes de soleil sur le nez et mon sac sur le dos.
Un bagage cabine suffit.
Pas besoin de valise là ou je vais, j'aime voyager léger et de toute façon elles seraient pratiquement vides. 
J'espère juste ne rien oublier...Ha si, mon guide posé sur la table de chevet.
La seule chose qui me sera indispensable dans cet endroit paradisiaque!
Je suis fin prêt, le taxi m'attend en bas de l'immeuble.

La sonnerie de mon téléphone m'indique que j'ai encore un message.
C'est l'agence de voyages qui m'envoie un énième mail.
Il semble inquiet que j'annule tout au dernier moment alors que tout est payé! C'est peut-être pour me rassurer après la liquidation de Thomas Cook.
Pourtant je lui ai bien dit à mainte reprise que rien ne pourrait me faire changer d'avis!
En plus la plupart de mes proches sont partis (certains même sont déjà revenus) et ceux qui restent ici m'envient.
Voilà ce qui vous arrive quand vous prenez vos vacances hors période de congés, mais je ne vais pas me plaindre, comme dit plus haut, moi j'ai la chance de pouvoir partir, pas comme certains.
Je vois le bout du tunnel, fini la déprime! Ce matin j'ai même rasé ma barbe, c'est pour dire!
Toutes ces journées enfermés à travailler dans des sous-sols mal éclairés avec une seule idée en tête : "partir loin".
Il faut dire que j'en avais vraiment besoin.
Le farniente, un ciel azur avec toutes ces jeunes femmes célibataires qui n'attendent que moi.
Moi, c'est comme ça que je le conçois, une interprétation qui m'est propre, libre à vous d'imaginer le vôtre.

Le passage à basse altitude d'un avion de ligne me sort de ma rêverie, nous sommes tout proches de l'aéroport.
À l'arrêt du véhicule, je paie le chauffeur de taxi.
Satisfait du pourboire que je lui ai donné, celui-ci se propose de me porter mon bagage, mais je ne peux accepter.
Vous allez vous dire que je suis un peu parano comme type, mais imaginons qu'il se barre avec ma valise! Ça s’est déjà vu!
Il y a bien des faux taxis tueurs en série...vous ne pouvez faire confiance à personne, pas même aux bagagistes.
C'est pour cette raison que je voyage seulement avec un bagage à main pour ne pas qu'il aille en soute.
Déjà que je suis bien obligé de passer l'inspection des douanes.
Ils sont très suspicieux, depuis les attentats du 11 septembre 2001 et d'autant plus après l'avion disparu de la Malaysia airlines!
Avant le terrorisme moderne, les gens avaient juste peur que l'avion s'écrase au décollage ou l'atterrissage. 
D'ailleurs, c'est pour ça que certains continuent d'applaudir par tradition!

Cette seule pensée me fout une montée de stress et en passant devant la salle de prière de l'aéroport, j'hésite à m'arrêter.
Rester calme, oui, focalise-toi sur ta respiration, on inspire et on expire profondément, voilà, c'est bon.
Je m'insère dans la file pour passer la fouille de sécurité, je prends mon bac et y dépose mes effets.
Une petite vieille blanche me colle en me poussant du coude, encore une pressée de mourir, vas-y mamie à toi l'honneur, passe dans le portique, on va bien rigoler quand les secours vont débarquer pour changer tes piles.
Tout ça pour au final mettre deux heures à retirer toutes ses bagues, ses colliers et autres boucles d'oreilles. T'inquiètes pas va, on t’enterrera avec tes bijoux.
Et malgré tout sonner encore, oublier qu'elle a des broches dans la hanche et une plaque en fer dans le dos.
Aujourd’hui, je le sais si la recherche s'interroge encore si la maladie d'Alzheimer est liée à l'aluminium, elle l'est sans aucun doute possible à la vieillesse.

J'ai perdu pas mal de temps avec ces conneries et j'arrive tout juste à temps pour la fin de l'embarquement.
Derrière un comptoir une jolie hôtesse de l'air vérifie mon billet et mon passeport puis je traverse la passerelle d'embarquement vitrée où m'attend une autre de ses collègues au décolleté aussi large que son sourire.
Celle-là doit aimer s'envoyer en l'air, à n'en point douter.
Tout sourire elle m'indique où est située ma place : au-dessus de l'aile droite, tout près de la porte de secours.
Pour cette place j'ai dû payer un supplément et on me l'a attribué sous condition que je parle couramment la langue de la compagnie et que je réponde aux exigences en matières de sécurité.
Exigences qui sont autant obscures, opaques et arbitraire que possible, pour être clair c'est à la gueule du client, en fonction de la taille de sa barbe. 
Bien souvent accordé pour que le voyageur puisse y étendre ses jambes, le comfort prévôt sur la sécurité. L'argent est plus fort que tout.

Dans les hauts parleurs, la voix du commandant de bord et son message d'accueil pleins de banalités résonnent jusqu'à mes oreilles.
Je m'installe à ma place, le siège est drôlement rigide et j'appuie sur le bouton encastré dans l'accoudoir pour allonger le dossier.
La même hôtesse qui passe entre les rangs me demande fermement de redresser mon assise et de boucler ma ceinture en vue du décollage imminent et continue son chemin en plaisantant avec un Stewart.
Ces deux-là baisent ensemble ou s'apprêtent à le faire, c'est certain.
Le sida s'est probablement initialement propagé comme ça : dans des toilettes d'avion, d'aéroport en aéroport, d'hôtesse de l'air en pilote en femme au foyer en jardinier en prostitué.
Rien à voir avec une quelconque expérimentation sur un singe de laboratoire. 
La bactériologie, la viralité, c'est là, un stratagème diaboliquement efficace qui a fait ses preuves, sauf si bien sûr cet avion s'avère rempli de mormons.
Cela dit, elle pourrait tout autant vous contaminer avec ebola.
À moins que mon voisin de droite qui sue à grosse goute fiévreuse et éternue à intervalle régulier s'en charge à sa place.
La paranoïa me fait voir le mal partout, après tout le pauvre homme a peut-être simplement peur du décollage tout comme moi.

Tandis que s'en suivent les instructions de sécurité de l'hôtesse, les regards inquiets se tournent vers les hublots alertés par l'allumage des réacteurs qui fait vibrer tout le fuselage.
Le décollage est imminent, cette fois.
Je n'ai plus qu'à faire une dernière prière pour que l'avion n'ait pas de problème technique : dépressurisation soudaine, décrochage...
C'est plus souvent au moment du décollage ou l'atterrissage que cela se produit.
Nous quittons la piste au tarmac rugueux, quelques secousses et l'engin prend enfin son envol.
À peine j'essaye de fermer les yeux pour me détendre un instant que j'entends derrière moi un trou du cul d'espagnol en pleine discussion téléphonique pépère, comme si de rien était.
Je me retourne, le fusille du regard et il interrompt immédiatement son appel.
Ma parole, ils sont tous animés de leurs instincts de mort aujourd’hui?!
Faudrait pas qu'on me vole la vedette! C'est MON attentat, MON crime de masse à MOI!

Une courte sonnerie retenti suivi d'une nouvelle annonce du commandant de bord nous disant que la phase de décollage étant terminé, nous pouvons détacher nos ceintures et qu'une collation va nous être servi.
Derrière le hublot, tout parait minuscule, on se sent plus proche de Dieu et c'est ainsi qu'il doit nous observer, nous mettre à l'épreuve.
L'hôtesse passe avec un chariot en proposant un plateau-repas aux voyageurs : du pain, une motte de beurre, un verre d'eau, un poulet basquaise, un cheese-cake, une tranche de fromage et une mignonnette d'alcool.
On dirait un plateau qu'on servirait à l'hôpital, même les condamnés à mort ont un dernier repas plus festif.
Faute de mieux, je finis par tout manger, trop rapidement comme si je ne voulais pas en apprécier les saveurs et je serais bien tenté par la petite bouteille de whisky pour me donner du courage, si seulement ma religion ne l'interdisait pas.
OH MON DIEU! Quelques choses me frôlent les pieds, se faufile entre mes jambes, ne me dites pas qu'IL Y A DES SERPENTS DANS L'AVION!!!
Fausse alerte, fausse alerte, ce ne sont que des gosses qui s'amusent à ramper sous les sièges.
Maintenant ils se dirigent vers le cockpit, où le pilote les invite à s'assoir derrière le manche.
Initiative complètement folle quand on connait la triste histoire du crash de l'Airbus A310 vol 593 de la compagnie Aeroflot entre Moscou et Hong Kong.
Le pilote avait laissé ses enfants jouer dans la cabine avec les commandes et ceux-ci avaient inconsciemment désactivé le contrôle du pilotage automatique de l'avion.
Toute fois il n'y a pas que du commandant de bord qu'il faut se méfier, mais aussi du copilote. 
Celui-ci n'avait pas l'air dans son assiette quand je l'ai croisé, le regard vide, le teint blafard.
J'espère seulement qu'il n'est pas dépressif.
Imaginons une seconde qu'une pensée morbide traverse son esprit fragile et qu'ensuite il s'enferme dans la cabine comme ce fut le cas de l'A320 de la germanwings.
L'avion tomberait à l'eau et mon plan avec.

Je ne sais pas si vous réalisez ce que ça représente, ce sont des mois de préparations, de privation, d'apprentissage et de conditionnements sacrifier pour rien.
Tout ça, parceque'un putain d'arriviste aurait une pulsion suicidaire?!
Ah ça non, je ne laisserais personne me couper l'herbe sous le pied.
C'est dingue quand même, il faut toujours qu'un connard égocentrique vienne saboter les efforts collectifs!
Il ne se contente pas de gâcher la fête, pire que ça, il tire la couverture à lui, s'attribue les mérites, détourne la gloire de l'événement pour son propre profit.
Alors que moi je fais ça pour l'expiation du genre humain, la rédemption de cette société obscène et décadente pour laquelle j'accepte de devenir martyre.

Et si par malheur vous survivez à tout ça, que vous échouiez sur un sommet enneigé ou une île déserte, vous continuerez à vous entre-tuer, à vous manger les uns les autres jusqu'au dernier.
Mais rassurez-vous, aujourd'hui il n'y aura d'issue pour personne quand j'aurai ouvert la porte de secours après avoir enlevé ce fichu cache poigné blanc.
Ne vous inquiétez pas, j'ai pensé à tout, je sais que sur la plupart des appareils les portes ne peuvent pas s'ouvrir en altitude, à cause de la pression atmosphérique trop forte pour qu'elles se rabattent vers l'intérieur.
Heureusement pour nous, il y a quelques exceptions notamment sur les avions plus récents comme celui dans lequel nous voyageons qui ont un mécanisme d'ouverture vers l'extérieur.
Après quoi, la cabine sera dépressurisée, les masques à oxygène tomberont du plafond, la panique durera moins de 20 secondes pour ceux qui n'auront pas le réflexe d'en enfiler un et pour les autres le calvaire sera d'une quinzaine de minutes, le temps d'arriver au point d'impact.

Une dernière fois, il décompose son geste mentalement avant de s'exécuter, mais sa projection imaginaire se confronte à la réalité. Oui je sais cela peut paraitre étrange de faire intervenir un narrateur omniscient à ce moment du récit. N’oubliez pas qu'il s’agit là de l'histoire d'un homme qui croit entendre une voix divine le guider vers le Paradis. À partir de ce moment-là, il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'il y en ait une de plus. Vous ne croyez pas?

Il se lève de son siège, saisit la grosse manette rouge entre ses mains quand il se trouve soudainement pris de spasmes stomacaux.
Agenouillés par la douleur vive qui le pétrifie, les autres voyageurs autour de lui se demandent logiquement s’ils ne sont pas en train d'assister à une inquiétante scène de prière islamique.
Leurs interrogations se muent en suspicions quand notre aspirant terroriste s'enferme dans les toilettes.
S'en suivent pour lui des turbulences et grondements dans son ventre. 
Notre forcené, réalise un peu tard, qu'il s'est retranché sans papier hygiennique.
Son incomodité est telle qu'il songe à utiliser quelques pages de son Coran pour s'essuyer.
Alerté par les passagers le personnel de bord accoure jusqu'à la porte close.
Un Stewart, s'aventure à poser l'oreille contre la paroi pour écouter ce qu'il se passe a l'intérieur.
Horrifié, il entend pleurer et implorer, des bruits métalliques de tôle froissée et les détonations extraordinaires de ce qu'il n'imagine pas être des flatulences.
Ce sur quoi,L'hôtesse tape à la porte et demande si "tout se passe bien là dedans ?" d'une voix qu'elle voudrait apaisante.
Et puis d'un coup plus rien, un grand silence, les membres d'équipage et les passagers se regardent les uns, les autres, attendant que les premiers agissent.
Un cri étouffé de soulagement suivi d'un petit rire fou resonne depuis les toilettes et glace d'effroi tout l'avion.
Dans un élan d'héroïsme désespéré le Stewart ouvre la porte d'un grand coup d'épaule et tombe nez à nez avec le terroriste recroquevillé sur la cuvette quant à l'hôtesse de l'air qui suivait le mouvement, c'est dans la merde que se retrouve son nez.
Une odeur nauséabonde se repend dans les rangées de sièges, envahit l'appareil jusqu'a la cabine de pilotage.
La puanteur est telle que les passagers les plus proches des toilettes sont pris de vomissement, certains toussent, d'autres même se plaignent d'irritations oculaire.
Ce sont là, tous les symptômes dont souffriraient les victimes d'une arme bactériologique.
Le capitaine de bord et son copilote tout deux enfermés dans leurs cabines, à l'abri du miasme, demandent par message radio à effectuer un demi-tour ou un atterrissage forcé.
Ils enclenchent alors la procédure d'urgence et le font savoir par une annonce.
Les masques à oxygène tombent du plafond au grand soulagement des passagers qui pour la plupart sont en apnée partielle depuis quelques minutes.

Retrouvons maintenant notre hôtesse où nous l'avons laissé, cet à dire : dans la merde.
Littéralement couverte de matière fécale, que ce soit sur son visage (taches qui lui font une sorte de peinture camouflage), dans sa chevelure blonde et son chemisier blanc.
Assise sur ses fesses, clouées au sol par les manoeuvres de l'avion, elle tente de se relever pour empêcher le terroriste tente d'actionner l'issue de secours.
Inarrêtable, pantalon sur les jambes et départi de toute forme de dignité, il a rendez-vous avec ça destiné.
Au travers du hublot de cette porte toute blanche en plastique, il voit un ciel bleu ensoleillé, maculé de nuages blancs, paisible. 
Sans aucun doute, il y croit, c'est la porte du paradis, il ne lui reste plus qu'à l'ouvrir.
Mais quand il essaie, qu'il se saisit de la poignée, qu'il pousse et tire de toutes ses forces, rien n'y fait.
Il lance un regard circulaire mêlé d'incompréhension et de détresse que lui rendent les autres passagers.
Doit-il le prendre comme un signe du divin? 
C'est toujours humiliant de se faire refouler par son propre dieu, encore plus quand c'est devant des inconnus.
Maintenant, vers qui va-t-il se tourner alors que le tout puissant semble l'ignorer? 
Lorsque la foule en colère s'apprête à le lapider, les médias à le lyncher, sa famille le renier, ses semblables le glorifier, ses commanditaires le revendiquer.
Son plan a finalement fonctionné, pas comme il l'espérait, mais l'essentiel c'est que le résultat soit là. Lui qui souhaitait mourir en martyr.
Peut-être que le pire pour notre terroriste serait de se faire juger par la justice des hommes, lui qui ne jure que par la charia, la loi religieuse.

Et ce qui devait arriver arriva, notre aspirant djihadiste se fait agripper, trainer en arrière par une multitude de mains anonymes.
Pleuvant sur lui comme autant de coups de poing, elles l'écartèlent, se l'arrachent littéralement.
Il se débat impuissant, ainsi ligoté dans une camisole de fortune confectionné avec sa djellaba.
Étouffé par son petit livre sacré enfoncé dans la bouche jusqu'à pratiquement atteindre sa gorge, il suffoque à chaque fois qu'il avale sa salive, le papier venant se coller à son palais.
Dans la cohue, il entend vaguement parmi le flot d'insultes l'un des passagers proposer de "l'éjecter de l'avion, par-dessus bord, puisque c'est ça qu'il veut".
À un autre de répondre :"Non, nous allons le livrer à la police, mais avant cela, rien ne nous empêche de le faire souffrir un peu!"
Et pour la première fois depuis bien longtemps, depuis la dernière coupe du monde peut être, LGBTQ, juifs, handicapés, chrétiens, africains, asiatiques bref quasiment toutes les communautés mettent de coté leurs victimisations revendicatives.

L'avion atterrit, mais reste sur le tarmac sans qu'une passerelle télescopique ou un escalier mobile viennent à son encontre.
Depuis les hublots de l'avion, les passagers observent et s'interrogent.
Certains commencent à s'impatienter, pressent le personnel de bords de déclencher les toboggans de secours.
Finalement, une unité spéciale de la police est dépêchée, fusil d'assaut et combinaison NRBC.
Il est demandé aux voyageurs de rester à leurs places et de ne pas tenter de quitter l'appareil pendant l'intervention des forces de l'ordre.
L'opération de police tourne court quand ils découvrent notre islamiste malchanceux saucissonné dans ses propres vêtements et en larmes avec son livre saint en guise de bâillon.

La suite vous la connaissez, les journalistes se pressent pour la moindre déclaration, les politiques s'empressent de faire de la récupération et les avocats à l'éthique douteuse se battent pour le défendre.
Évidemment lorsqu’il est interrogé en présence de ce dernier : il ne sait rien ou ne se rappele pas bien. 
Au contraire, si vous l'écoutez, c'est lui la vraie victime de cette triste histoire, victime du racisme et de l'islamophobie ambiante post attentats, mais aussi de la société et dans ce cas bien précis de l'hystérie collective des autres passagers de l'avion.
Le fameux argumentaire du "c'est pas moi, c'est les autres!"
Amnésique ou déséquilibré? Ce sera aux experts sinon aux juges et aux jurés de la cour d'assises de statuer.
Parce que l'impertinence et l'impudence dans un tribunal français sont bien souvent de connivence et les lois en faveur de la délinquance, c'est tout naturellement qu'ils axent sa défense comme étant une série d'incidents inopportuns voir mal interprétés.
Contre toute vraisemblance et en dépit du bon sens comme ce fut le cas tout au long de l'audience, il explique à la cour qu'il a simplement voulu ouvrir la porte de secours pour aérer la mauvaise odeur qu'il avait lui même causé.
Et malgré toutes les incohérences de son récit, coup de théâtre et de maître, il écope d'un verdict sans sentence puisqu’il est acquitté.
Sur les conseils de son avocat, il décide même de poursuivre la compagnie aérienne pour le préjudice et finit par obtenir gain de cause.
Un joli pactole avec lequel il aura loisir de s'acheter ce qu'il souhaite depuis le début : une île paradisiaque et 72 vierges voilées. 

Le tableau est presque parfait, mais peut être trop justement. 
Alors qu'il est avec son harem, rassemblé autour de lui, le couvrant d'attentions diverses, de baisers et de caresses, il ne peut s'empecher de s'autoflageller.
Pour la première fois, il est en proie au doute, tourmenté, obsédé par de nouvelles questions existentielles : "S’il copule avec elles, elles ne seront plus vierges? 
L'exciteront-elles toujours après ça? Où deviendront-elles impures? Est-il vrai qu'au paradis elles redeviennent systématiquement vierges?"
Lui revient alors une phrase vue dans une émission de télé-réalité au nom plus qu'à propos "l'île de la tentation" qui finit de l'autopersuader.
Bien qu'il soit passablement convaincu par toutes les excuses qu'il s'est inventé, il est quoi qu'il en soit trop tenté pour résister plus longtemps.
Il essaie de lover sa tête dans le corsage généreux de certaines, parfois entre leurs jambes, mais se fait repousser à chaque fois par un gloussement juvénile.
En cercle au-dessus de notre nabab, elles se jouent de lui.

Au bout de plusieurs fois, agacé, il utilise la force, contraint à l'acte l'une d'entre elles qui finit par le laisser soulever son jilbab, sa soutane islamique.
Et lorsqu’il enfouit sa tête sous le tissu opaque et épais, il n'en croit pas ses yeux.
Paniqué, il tente de se dépêtrer du piège dans lequel il s'est fourré.
Quand il revient enfin à l'air libre il fait face à ses 72 verges qui l'entourent avec leurs pénis turgescents, pointant et menaçant comme autant de poings vengeurs prêts à en découdre.
Toujours à genoux, en contre plongée, sa vision se déforme.
Les silhouettes féminines se transforment jusqu'à devenir plus imposantes, leurs visages sont également dissimulés, mais cette fois par des cagoules.
C'est les membres du groupe d'intervention de la police qui agitent leurs matraques phalliquement devant sa tête.

Ce rêve qui tourne au cauchemar, véritable cruauté divine, n'est ce pas la pire des sentences?
Mais comme je vous le disais, il y a d'abord la justice des hommes, et c'est cela qui l'a conduit en détention provisoire, en attente de son jugement dernier.
Là haut, à 10 000 pieds, dans l'avion il était littéralement aux portes de secours du paradis et maintenant il a atterri dans ce qui s'apparenterait à la douane des enfers.
Une sorte de purgatoire pour expier les âmes souillées, mais pas trop, celles des aspirants terroristes et autres meurtriers qui n'ont pas réussirent leurs coups.
C'est donc là, dans cette geôle tout comfort (télévision avec ps4, réchaud à gaz, couchette simple, narguilé et aussi un poster de Mia Khalifa toute nue mais voilée) qu'il se réveille en sueur avec d'abord un sentiment d'effroi puis de réconfort.
Transpirant, mais bien vivant, il se sent presque béni.
Quand la porte de sa cellule se déverrouille puis s'entrouvre, il réalise que c'est l'heure de la douche et s'en réjouit. Il s'imagine qu'il va pouvoir laver son âme de ses pêchés.
Le gardien l'escorte jusqu'à l'entrée de la salle d'eau sous les regards amusés des autres détenus.
À l'intérieur de cette grande salle carrelée et remplie d'une épaisse buée, il se déshabille puis commence à se rincer.
Recherchant à tâtons la savonnette égarée, il sent la présence inquiétante d'autres prisonniers.
Et soudain apparait à travers le nuage de vapeur d'énormes phallus noir et veineux prêts lui faire regretter d'avoir échoué, ici-bas.

jeudi 6 juin 2024

Manges tes legumes!


 Moi, c'est Thomas, j'ai 13 ans et je suis en 6eme. Oui j'ai redoublé, et si vous me lisez c'est parce que je suis en train de gentillement griffonez en classe pendant le controle de math.

Je ne suis pas le seul à ne pas faire ce que je devrais, regardez madame "Sentezmonkiki", (on l'appelle ainsi parce que son vrai nom c'est Santarnaki, c'est plus drole dit comme ça) elle aussi devrait nous surveillez ou que sais je mais elle préfere se mettre du vernis sur ses ongles de pieds.

Vous entendez la cloche ? Ca y est on est libéré, je ne pouvais plus attendre si longtemps. En parlant d'attendre, c'est ma grande soeur, Mélanie, qui n'est toujours pas là, comme d'habitude.

En plus, je doit rentrer avec elle car c'est elle qui vient toujours me chercher et m'accompagner à l'école alors que c'est une fille, la honte devant les potes.

Aprés 10 minutes, elle arrive enfin, main dans la main, avec son petit copain, "Sylvain", qui l'accompagne partout comme un petit chien.

 

A la maison, c'est toujours pareil, ma soeur veut jamais me laisser la télécommande alors on se dispute.

Tout ça parce que les parents sont absent et qu'elle veut fait son intéressante devant son amoureux.

Pas décidé à me laisser faire je lui arrache des mains mais trébuche sur la table basse. La zapette vol en l'air et retombe sur le sol en éparpillants les piles.

Dans ma chute, j'ai quand meme reussi à changer de chaine mais pas celle que je voulais.

Au lieu de quoi, y a cette publicité pour une émission concours de cuisine qui tourne en boucle. Papa et Maman regarde tout le temps.

Je dois dire que je ne comprend pas cet engouement des adultes pour ce genre de programme, au meme titre que personnes ne ferait un concours de menage ou de vaiselle, la cuisine c'est avant tout une corvée!

Tandis que ma soeur monte avec son Sylvain dans sa chambre à l'étage pour se faire des bisous, BEURK, moi je m'installe à table pour gouter.

Quand ma mere arrive du travail, elle éteint la tv et me demande de faire mes devoirs car on aura pas trop le temps ce week end vu qu'on doit rendre visite à mes grand parents.

 

Comme un dimanche sur deux, on va manger chez papi et mamie.

Bien souvent, la route est bouchonnée alors mon pere arrete pas de ralé pendant le trajet.

On a presque failli louper l'heure du déjeuner mais heureusement Mamie n'avait pas fini de cuisiner.

Elle nous a préparé ce "légume" (encore lui) farcie dont il parle tout le temps en ce moment à la Télé mais moi ça me donne pas trop envie.

Et mon pépé me dit que manger de ce légume ça rend heureux qu'il parrait mais j'y crois pas trop.

On dit aussi que les carottes ça rend aimable et que ça donnent les fesses roses, que les épinards rendent costaux, moi par contre j'ai surtout remarqué que les asperges vous donne le pipi qui puent et les betteraves donnent une couleur rouge à votre caca.

Du coup, je mange toute la farce et le riz mais pas le legume. Me dit vraiment pas, ce truc là.

Ca n'échappe pas aux grands yeux vitrés de ma grand mere qui me demande : "Ben alors Thomas, tu manges pas les bons légumes du potager de mamie ?"

A Maman de surencherir "fais pas ton difficile, allez mange!" et Papi qui était jusque là absorbé par la lecture de son journal d'intervenir ""tu vas pas encore nous faire ça! Y en a marre de ce cirque à la fin!".

Dos au mur et face à leurs insistances, je fais ce que tout bon petit frere ferait sans hésiter : balancer sa grande soeur.

"Mais regardes! Mélanie, elle a pas fini sont assiette!"

"Ta soeur mange de tout et a eu l'autorisation de quitter la table, elle."

"pour aller appeler son petit ami au toilette!"

Je profite de la diversion momentané que m'offre les petites cachoteries de ma soeur, que toute l'attention soit attiré sur ce qu'elle fait au toilette, pour donner les restes de mon déjeuner à Titus le chien de mes grand parents. Ni vu, ni connu. Façon au point ou il en est, (son ventre touche le sol si bien qu'il ne peut plus courir) un peu plus ou moins, personne ne le remarquera.

 

Sur la route du retour, la circulation est étrangement fluide, surtout pour un dimanche et dans ce sens là, habituellement, c'est compliqué si on part pas avant 18h.

De fait, mon pere est tout joyeux derriere son volant, je crois même l'avoir entendu siffloter. Vous imaginez ça vous?

En branchant ma console de jeu sur la télé de ma chambre je tombe encore sur une publicité pour ce maudit légume! A moins que ce ne soit un fruit ?! Dans la chanson de la publicité ils disent que ça se mange aussi bien sucré que salé. C'est a n'y rien comprendre. En plus, c'est rose à l'intérieur, on dirait quelques chose de chimique.

En zappant de chaine, je vois qu'ils font meme des regimes minceur avec...la Ubiktarine!

Ce soir, j'ai réussi a esquiver le diner en pretextant ne pas me sentir "dans mon assiette" et contre toute attente, maman m'a laissé tranquille.

Mieu que ça, elle m'a même monté un plateau avec un bol de soupe et des croques monsieurs. Ca a été trés dur de resister, car c'est mon plat préféré - ça et les coquilettes au jambon - mais je prefere rester prudent et piocher dans mon tiroir à cassecroutes. Alors je mange des chips et des bonbons acidulés en jouant à la console jusqu'à tomber de fatigue.

 

Oh non! J'ai loupé le reveil!...Enfin, j'ai completement oublié de le mettre plutot. Je suis en retard pour l'école, Maman va me passer un de ses savons!

J'entend deja les reproches qu'elle va me faire "tu joues trop à la console, si tu continue comme ça mon garçon, tu vas redoubler! bla, bla, bla...vous voyez le genre.

En prenant à peine le temps de me preparer, je descend l'escalier, sur la pointe des pieds.

Personnes à l'horizon. Je profite de l'occasion inespéré pour filer discretement.

Dans ma fuite, je sens une main me tapoter l'épaule.

Lentement, je tourne la tete pour regarder par dessus mon épaule et peut etre faire face à la menace, quand je réalise que c'est ma mère!

Elle a ce sourire étrange sur son visage, cette expression qui ne collerais pas normalement avec la situation.

Je m'attend à ce que maman me gronde severement mais elle n'en fait rien.

Non, à ma grande surprise, elle me tend un petit sachet en papier.

"Tiens mon chéri, je t'ai préparé un petit en cas, tu n'aura qu'à le manger sur la route, allez, file, tu es déja très en retard." qu'elle me dit tendrement en m'embrassant le front.

 

C'est pas tout mais je dois me pressé moi pour pas avoir plus de retard que j'en ai déja alors je prend un raccourci par le centre ville.

En passant devant le primeur je remarque que beaucoup d'adultes font la queue patiemment pour acheter le fameux légume.

La file d'attente s'étend jusqu'à l'extérieur du magasin et c'est aussi le cas du supermarché à l'angle et de la petite épicerie de monsieur Martinez un peu plus loin.

Dans le calme et la bonne humeur. Tout l'opposé de ce qui s'est passé pendant le grand confinement, vous vous rappelez, avec le corona machin chose, c'était la panique et la terreur.

Enfin arrivé à l'école! Je me faufile discretement à l'intérieur du batiment et me décide à ouvrir le sac qui contient le petit en cas que maman m'a préparé, à la forme du papier alluminium qui sert d'emballage, je reconnais la forme d'un sandwich.

Il y a cette tache rose qui dégouline un peu et je comprend alors que c'est un piege, une sorte de cadeau empoisonné quand soudain quelqu'un me l'arrache des mains.

C'est Axel, un garçon de 3eme avec deux de ses copains, Simon et Baptiste. Je ne les avait pas vu se glisser derriere moi et maintenant il m'encercle.

Pour qu'il me laisse tranquille je leur donne mon gouter sans trop tergiverser. Satisfait de leur méfait, ils finissent par s'en aller en rigolant bruyament, loin de se douter que cette fois c'est moi qui me suis joué d'eux!

Depuis le temps qu'ils m'embettent ces trois la, j'aurais aimé leur faire ça avant, mais avec du laxatif, ça aurait été encore plus drole!

 

J'arrive prés de ma classe et colle mon oreille sur la porte : pas un bruit, silence total.

La sonnerie me fait sursauter, par reflexe je m'écarte de l'entrée, m'attendant à une sortie brutale semblable a celle qu'on observe quand un prédateur approche d'un troupeau d'animaux sauvage.

Bien au contraire, rien de tout ça ne se produit, mes camarades sortent de la salle de classe dans le calme avec une discipline quasi militaire.

Alignés deux par deux, ils marchent en direction du refectoire, quant à moi, je leur emboite le pas puis m'insére dans le rang.

Le plus bizare, c'est à la cantine, d'habitude y en a toujours un qui dépasse les autres en grugeant la queue mais pas aujourdhui, non.

Tout ça me fait penser au sujet du cour d'histoire de la semaine derniere, celui sur le communisme.

Comme les autres, j'attend patiemment que mon tour vienne en tenant mon plateau dans mes mains.

Au moment ou j'arrive à hauteur de la dame qui sert, je découvre sans vraiment de surprise que l'ubiktarine, le légume est au menu, partout, dans tous les plats et sous toutes les formes : en soupe, en purée et même en frites pour paraitre plus appetissant!

Et le seul plat qui n'en contient pas pas c'est les epinards en branche, car de toutes maniere personne ne veut en manger généralement.

 

Avant de retourner en classe, je fait un petit arret par les toilettes pour la grosse commission.

Habituellement, c'est trés sale dans les cabines mais aujourd'hui c'est surprenament propre, pas de traces de caca dans la cuvette ou de papier toilette par terre, ce genre de chose quoi.

Pour passer le temps, je regarde des videos sur mon téléphone et je tombe sur l'une d'elle qui m'interpelle, on y voit deux hommes en cagoule qui discute face caméra : "C'est un vrai probleme de santé publique et ni les politiques, ni les religieux ne semblent prendre la mesure du phénomene. On dirait que Les consomateurs finissent par devenir eux même des légumes. Une fois contaminés, on le voit, ils ne font que vanter les bienfaits du produit betements, sans plus de sens critique, persuadé d'etre dans le bon. Je ne saurais dire si on assiste là à une opération de brainwashing ou de greenwashing, peut etre meme la combinaison des deux." La sonnerie retentit et me fait sursauté, j'en ai presque failli faire tomber mon telephone dans le trou! Je me depeche de regagner la salle de classe avant que mon absence ne soit remarquer.

 

17h tout pile, la fin des cours a sonné, mes camarades sortent dans le meme calme et silence qu'à la pause déjeuner.

Une fois de plus, j'attend Mélanie, ma soeur, qui est en retard.

Et quand elle fini enfin par arriver, elle pue la fumée. N'importe qui le remarquerait, sauf mes parents apparement, bien qu'on les embrasses en rentrant à la maison, allez comprendre!

Je monte dans ma chambre pour "faire mes devoirs" comprenez "jouer à la console", mais aucun de mes copains n'est en ligne du coup je me surprend à ranger mes affaires par ennui, j'en viendrais presque à ouvrir mon agenda et reviser mes cours, vous imaginez ça?

C'est a ce moment là, que ma soeur fait irruption dans ma chambre et sans frapper en plus!

Décidement je vais de surprise en surprise!

Mélanie ferme la porte doucement derriere elle, qu'elle vérrouille avec précaution puis se dirige rapidement vers moi pour me mettre la main sur la bouche et m'empecher de raler.

"Chut, pas un bruit, ils vont nous entendre." me murmure-t-elle avant de relacher son etreinte.

"Mais qu'est ce que tu fais?!" que je lui demande en m'essuyant la bouche.

"Suis moi" me dit elle en ouvrant la fenetre pour se hisser sur le toit.

Alors je me retrouve à marcher lentement sur les tuiles jusqu'à la cabane que j'ai construite dans le grand arbre du jardin.

 

Ma soeur allume une cigarette pour se rechauffer car le jour commence déja à tomber et la température avec.

Elle me propose de fumer et comme je veux faire le grand j'accepte.

Ca peut paraitre bete mais j'ai toujours aimé jouer avec ma respiration quand il fait froid alors j'imagine que ça doit etre un peu pareil.

"Mélanie, comment ça se fait que les parents ne t'ont jamais rien dit ni senti ?"

"Je sais pas, je dois avoir de la chance. T'avises pas de me balancer, sinon je leur dirais que toi aussi."

"Ouai et je dirais que c'est toi qui m'a fait essayer!"

"Pas bete, tu marques un point frérot."

Sur ce, elle me crache sa fumée au visage et prend de grands air fier pour me raconter ce qui suit :

"Tu vois, après les cours, je traine souvent avec des mecs du lycée, eux ils fument aussi mais pas de la cigarette." Ma soeur rigole toute seule betement avant de poursuivre.

"Bref, tout à l'heure, je sechais les cours avec eux, et y en a un qui parlait de l'ubiktarine.

Il parait que ce légume ou ce fruit, enfin peu importe ce que c'est vraiment, serait à l'origine un champignon extraterrestre qu'une secte vegane aurait trouvé dans un volcan.

Tout le monde semble accro à ce truc, d'une maniere ou d'une autre, je sais pas pourquoi. Ils errent sans but avec leur regards vides comme des zombies."

"Oui et ils ont cette maniere de parler étrange en "on""

"Toujours à utiliser la 3eme personnes du singulier!"

"Oui, voilà!"

"Puis, regardes, les influenceurs en font la promotion sur leurs reseaux sociaux avec leur sauce rose, pareil pour les chaines de fast food avec leurs sandwichs! Et justement, pendant qu'on discutait, y a un des lycéens qui a sorti un petit sachet contenant de l'ubiktarine séché et il commencait a rouler un joint avec."

"C'est quoi un joint?" que j'interroge ma soeur.

"heu ben, c'est une cigarette qui fait sourire!"

"Ah d'accord. Et comment on va faire pour éviter d'en manger ?"

"Ben moi, je me fais vomir à cause de...et parait que le soda ça aide aussi à le détruire mais pas du light hein! Je pense que c'est surtout roter qui marche."

"En retenu, j'ai entendu dire que les bonbons acidulés et aussi les..."

"A TABLE LES ENFANTS!!!!"

Soudain, le silence de nos chuchotements et même le vent est troublé par ce cri qui déchire la nuit, ce son que tous etre humain connait, que chacun pourrait reconnaitre entre mille, celui d'une mere qui appele ses enfants pour manger.

C'est d'autant plus étrange que habituellement, personne ne mange vraiment a table chez nous.

On se précipite de rentrer par la fenetre de ma chambre pour ensuite descendre l'escalier comme si de rien n'était.

 

Cette fois-ci, je suis coincé, face à Maman et Papa qui me font les gros yeux, je ne peux pas me dérober ou donner discretement ma nourriture au chien.

J'envisage un instant de faire tomber mon assiette mais renonce finalement quand mon pere m'averti de sa voix grave : "attention ou tu vas etre privé de dessert, j'ai fait de la panna cotta au fruit rose!" en repoussant mon assiette loin du bord de la table.

Qu'est ce que vous voulez que je fasse ? Me faire vomir comme ma soeur ?

Je fini d'avaler la derniere bouchée, c'est vrai que le gout est plutot agreable mais je dois faire vite pour lempecher de me contaminer.

En sortant de table, je monte vite à l'étage et m'enferme dans la salle de bain.

Je me force à roter mais j'entend ma mere à travers la porte qui me rapelle sur un ton de reproche que "ce n'est pas polie de roter" alors je met mes doigts dans ma bouche pour essayer de vomir et ça marche. C'est à la fois ce que j'esperais et ce que je craignais.

Maintenant, c'est encore pire, me voilà avec le gout de l'ubiktarine dans la bouche accompagné d'un arriere gout acide et pourri.

Pour faire passer ça, je me brosse les dents dans tous les sens, meme la langue et je manque de me faire à nouveau vomir.

 

En plein milieu de la nuit, une aigreur d'estomac me sort de mon sommeil, je fouille dans mon tiroir à casse croutes mais je n'ai pas grand chose à me mettre sous la dent à part ce paquet de chewing-gum. Comme je soupçonne ma mere d'avoir peut etre trouvé ma cachette secrete, je le repose dans le tiroir.

Mon ventre gargouille de plus belle, pas d'autre choix pour moi que de descendre à la cuisine.

J'avance a pas feutré dans l'escalier, enfin j'essaye, mais à chaques pas que je fais sur les marches, le bois craque bruyament.

Il y a aussi, les placards qui grincent et claquent quand je les ouvre pour inspecter leurs contenu. C'est dingue comme tout les petits bruits du quotidien paraissent soudain plus fort la nuit. A la lueur de mon telephone portable, je constate que tous les produits contiennent désormais de l'Ubiktarine, sans exception.

Du sucre aux pates en passant par les céréales et les gateaux : il y en a partout! Voyons voir, je suis sur que c'est le meme le cas dans le frigo.

AHHHHHHH!

Je sursaute, surpris par l'apparition du visage fantomatique de ma mere dans la lumiere blanchatre des néons.

"Qu'est ce que tu fais en plein millieu de la nuit à fouiller dans la cuisine mon garçon?"

Bien sur, j'avais prévu la possibilité qu'une telle situation se produise alors j'ai fait semblant de ne pas entendre et de continuer ce que je faisais, comme si j'étais en pleine crise de somnanbulisme. Ca m'est déja arrivé plusieurs fois et maman le sait, il ne faut jamais reveillé un somnanbule.

 

Au petit matin, je me reveille avec toujours cette même faim que la veille, un besoin devorant de croquer la vie à pleine dent!

L'odeur de pancake chaud de maman me sort du lit et me pousse a dévaler les escaliers à toute vitesse.

J'ai tellement faim que si je m'écoutais je mangerais bien un enorme bol de cereales arosé de chocolat chaud et dans lequel je tremperais mes pancakes avec de la creme!

Finalement, je me contente de manger mes pancakes avec de la pate a tartiner.

"Ton appetit fait plaisir à voir, fiston!" dit mon pere en me caressant les cheveux avant de s'installer devant la télévision.

Il zappe les dessins animés pour mettre une de ces chaines d'informations, vous savez celle avec ces emissions insuportable ou les gens ne font que se gueuler dessus à longueur de journée.

Bien que cela ne pourrait venir troubler mon incroyable bonne humeur du jour, la publicité vient m'apporter un peu de répit, surtout à mes oreilles.

C'est qu'elle en serait presque reconfortante et utile pour une fois! Etrangement, mon attention est attiré par ce slogan pour un dentifrice à l'ubiktarine : "C'est bon pour l'haleine, c'est plein de vitamine et ça rend la vie plus belle." et ça me donne envie subitement de me laver les dents.